Saint suaire de Turin

PROTONS ET NEUTRONS AU SECOURS DU SAINT SUAIRE

(Extraits de l’article de Monsieur Vilaceque, dans FEU et LUMIERES)
( n° 121 de Septembre 1994)

Le Saint Suaire de Turin aurait pu rester une relique parmi beaucoup d’autres à l’authenticité douteuse, si les techniques du XXe siècle n’étaient venues singulièrement compliquer la question…Vint d’abord la photographie montrant que les taches constituaient une sorte de négatif grandeur nature… Ce fut ensuite au tour des rayons X d’entrer en lice : cette fois la technique montrait que L’image n’était ni peinte, ni dessinée mais que le lin avait subi une très superficielle irradiation — 45 microns — n’ayant en aucun cas pénétré à l’intérieur des fibres. Ce n’était pas tout : l’ordinateur montrait enfin que L’image n’était pas plate mais tridimensionnelle… Après avoir longuement hésité, le Vatican autorisait les chercheurs à soumettre le linge au test du Carbone 14… En 1988, la commission scientifique rendait ses résultats : le linge remontait au XIIIéme siècle. Pour elle, pas de doute, le Suaire était un faux. Le père Rinaudo, docteur des Sciences, a bâti une théorie que l’épreuve des faits semble confirmer. Il a voulu comprendre comment le linge avait pu être irradié pour former L’image Il est donc parti d’une idée simple (si l’on peut dire) : les taches semblaient avoir été provoquées par un bombardement de protons. Or, en partant de l’hypothèse où le linge aurait bien servi de linceul, d’où pouvaient bien venir les protons ? Mais du corps humain lui-même bien sûr qui, composé d’une grande quantité d’eau, peut libérer des noyaux de deutérium, composant de l’hydrogène. Or, le noyau de deutérium a cette particularité de se casser sous l’effet d’une faible énergie et de libérer un proton et un neutron. Il suffisait en somme de bombarder un morceau de lin avec des protons pour savoir s’il pouvait se former des taches de nuance comparable à celle du Suaire. Ce test a été fait au début de l’année 1992 au Centre des Etudes Nucléaires de Grenoble. Le résultat corroborait la théorie: le morceau de lin était bien ressorti de l’accélérateur de particules oxydé sur 45 microns très exactement et porteur des mêmes taches, du jaune très pâle au brun soutenu, que le Saint Suaire. C’était la première étape Mais le Père Rinaudo voulait aller plus loin… Si les protons ont la particularité d’oxyder le lin, les neutrons, deuxième composants du deutérium, ont la propriété, loi physique incontournable, de l’enrichir en carbone 14. Or, si le linge avait été enrichi au départ, la mesure de la commission scientifique de 88 était fausse. Le système de datation repose en effet sur la vitesse à laquelle le carbone 14 disparaît. Mais, s’il y en a davantage au départ, il est inévitable qu’il en reste davantage à l’arrivée, et que l’objet testé soit jugé plus jeune qu’il n’est en réalité… Le Centre de Saclay puis l’Université de Toronto au Canada se sont chargées de l’opération : un confrère italien a fourni au prêtre un morceau de lin provenant d’une momie Egyptienne dont l’âge, 3400 ans avant Jésus-Christ, ne fait aucun doute. Ce fragment de tissu a été bombardé d’une forte dose de neutrons à Saclay, puis daté à Toronto. Résultat : son âge faisait un bond en avant de 46000 ans! Le carbone 14 fourni par les neutrons avait fait son oeuvre. Il ne restait donc plus qu’à calculer, toujours en se plaçant dans l’hypothèse de l’authenticité du Suaire, quelle dose de neutrons pouvait avoir induit une erreur de 13 siècles dans la datation effectuée par la commission de 88. Et là le P.Rinaudo n’aurait osé rêver plus beau résultat mathématique : la dose de neutrons correspond exactement à celle des protons capables d’oxyder le linge. En un mot, le même nombre de noyaux de deutérium provenant de l’hydrogène d’un corps humain, peut à la fois expliquer la formation de L’image et une erreur de datation de 13 siècles. Et du coup voilà la controverse relancée… Car si le linceul a bien enveloppé le corps d’un supplicié sous le règne de l’empereur Tibère ; quelle énergie a bien pu casser les noyaux de deutérium? et les casser selon un ordre cohérent capable de créer une image en trois dimensions ?…